lundi 23 novembre 2015

Le retour

Le voyage du retour
Nous avons survécu. Nous sommes arrivé à la maison en fin de journée vendredi. Le retour est brutal, nous sommes épuisé mais encore conscients. L'histoire en est tout autre pour Félix. Sur un total de 18 heures de vol, il en a dormit environ 13.

Nous lui avons acheté un siège dans l'avion simplement pour avoir plus d'espace et être en mesure de le mettre en pyjama et de le coucher comme si c'était son dodo habituel. Ceux qui font le voyage de retour, suivant une adoption, avec leur bébé assis sur eux versus faire l'achat d'un siège, vous avez mon plus grand respect.

Comme Félix dormait d'un sommeil profond lors du long vol de 14 heures de Hong Kong à Toronto, ni papa ni maman n'aurait osé faire un mouvement brusque pour le réveiller.  Je me suis donc retrouvé à faire une douzaine d'heures de vol avec seulement une moitié de siège pour ne pas bouger ses pieds. À ma grande surprise, j'ai oublié mon égo pré-maman et j'ai opté pour mon inconfort et d'un mal de dos au lieu de prendre le risque de réveiller Félix. Donc voilà! Je n'ai pas bougé ;)

On avait tout préparé, ses portions de repas, ses bouteilles, des vêtements de rechange, serviettes et couches, un sac à surprises contenant des jouets pour le distraire ainsi que tous nos documents importants prouvant son adoption. Tout s'est très bien déroulé et Félix a passé bien du temps à fermer et ouvrir la fenêtre du hublot.

Nous sommes arrivé à Montréal dans la nuit de jeudi à vendredi, brûlés et exténués, et avons décidé de coucher à l'hôtel en raison de l'heure tardive. Qu'en était-il de Félix? Bien reposé lors du vol et en raison des 12 heures de décalage horaire, sa journée ne faisait que commencer! La nuit fut courte. Très courte. On a réussi à dormir tôt le matin. En partant pour la maison, nous avions des doutes à savoir s'il allait tolérer le siège d'auto. Un peu de combativité de ce coté mais sans plus. Le vrai défi fut la deuxième fois, après l'arrivée à la maison, pour aller faire une épicerie. De se retrouver restreint du siège d'auto l'a précipité dans une telle crise de larmes, on était désarmé face à cette peine.

Les 3 premières nuits
Les nuits de Félix dans sa maison se résument en pleurs et cris de 1-2h à 5-6h du matin. Félix a maintenant une extinction de voix. Difficile d'expliquer pourquoi il panique à ce point. Peut-être qu'il a tout simplement besoin d'être rassuré. Depuis qu'il est avec nous, il a vu quatre chambres d'hôtel et maintenant sa maison. Sa stabilité commence seulement, mais il ne le sait pas encore. Peut-être qu'il fait des cauchemars, on ne le sait pas. Il dort avec nous et la nuit dernière, il s'est rendu compte que la couchette était tout près. La crise a recommencé et on ne peut que supposer que l'expérience de couchette à l'orphelinat n'était pas favorable. On garde une veilleuse dans la chambre, la noirceur lui fait peur. On commence tout juste à comprendre ses signaux, on a encore du chemin à faire. On se retrouve à court d'idée pour favoriser son sommeil, appaiser ses craintes, mais on sait également que notre présence constante auprès de lui et le temps vont améliorer son confort.

Jour 1
La journée à la maison a été principalement dédié à la familiarisation des lieux en gardant Félix dans le porte-bébé presqu'en tout temps. La stratégie consistait simplement à délimiter une zone autour de Félix afin que nos trois toutous apprennent à ne pas entrer dans sa bulle. N'ayant jamais côtoyé de chiens avant, il s'est retrouvé un peu terrorisé. L'interaction avec son grand frère et sa grande soeur s'en est tenue au minimum, seul son grand frère a reçu une tape dans la main. Tristement, sa grande soeur s'est sentie rejetée. Nous avons donc mis l'emphase sur l'importance de ne pas interpréter son comportement comme du rejet, mais plutôt comme un apprivoisement parce que Fèlix ne les connait pas.

Jour 2
Félix panique beaucoup moins en voyant les chiens. Il les pointe du doigt. Il les suit du regard. Il frappe également dans la main de son grand frère mais est encore timide avec sa soeur. Par contre, pendant que nous étions au magasin, il s'est mis à flatter le manteau de sa soeur tout doucement. Au souper, on s'est installé en famille autour de la table et Félix a distribué ses sourires. Plus tard, Félix s'est mis à jouer avec son frère et sa soeur, en s'apprivoisant lentement. Il a tellement fait de progrès, qu'à la fin de la soirée, il prenait le risque de marcher tout près des chiens, toujours en les tenant à l'oeil et finissait par courir dans les bras de maman chaque fois que l'un des chiens le regardait. Il a distribué son bonne nuit en imitant le geste de sa soeur, au grand plaisir de celle-ci.


Papa & maman t'aime xxx

mercredi 18 novembre 2015

Aurevoir Vietnam

Nous sommes à quelques heures de quitter le Vietnam.  Ce pays qui nous a donné notre fils. Ce pays dont nous ne connaissions que les grandes lignes, il y a de cela trois ans. Ce pays où nous avons rencontré des gens remarquables, chaleureux et sympathiques. Ce pays où les paysages, l'architecture, les villages, la campagne et le rythme des villes ont déferlé sur nous, tel un buffet pour les yeux et le coeur.

On s'apprivoise tranquillement

Il est impossible de nier, voire même de se sentir un peu coupable de l'avouer, que le retour au Canada nous appréhende un peu. Sortir Félix de son Vietnam, sa terre natale, nous déroute un peu. Quoi de mieux que de retrouver son chez-soi? Mais pour Félix, tout sera nouveau. Les couleurs, les objets, le froid, les odeurs, les gens qui l'entoure...




Il est difficile de déterminer si Félix ressent le changement imminent. Depuis 2 jours, il est accroché à moi, veut constamment être dans mes bras, pleure si je disparais de son champ de vision trop rapidement etc. Pourtant, dès qu'il est dans les bras de son papa, il est clairement bien et j'entends les rires de mes deux amours. Cet avant-midi, il a démontré son premier «non, je reste dans les bras de papa pour l'instant» au grand plaisir de ce dernier!  Et au grand désarroi de maman, je dois bien l'admettre :)


Victoria Beach & Resort Hoi An - 12 au 17 novembre

Nous sommes partit d'Ho Chi Minh, le temps de relaxer et de refaire le plein d'énergie.  Le grand air de la plage allait, sans aucun doute, nous faire le plus grand bien.  Voici une petite récapitulation des lieux.






Old Town Hoi An - 14 novembre













My Son Sanctuary - 15 novembre


Le Sanctuaire My Son, dans la région de Hoi An. La journée s'est poursuivie par une belle promenade en bateau. Félix était d'humeur pour faire le clown, petit comique!  Sa curiosité lui attire des sourires.  Une journée impeccable, malgré la chaleur si intense, pour s'imprégner des lieux et de la culture des gens d'ici.










La plage avec Maman








 Papa & Maman t'aime xxx




samedi 14 novembre 2015

Nous sommes les chanceux




Il existe une multitude de raisons à vouloir adopter un enfant.  Peu importe le parcours qui nous amène à agrandir une famille en accueillant un enfant ayant besoin d'un papa et/ou une maman, la raison principale qui nous guide vers l'adoption est, à la base, la même pour tous les types de famille: ajouter un membre à celle-ci. Point. Tout simplement.


Nullement question de "sauver" un enfant. Adopter est, au départ, purement égoïste. Comme tout parent comblé d'annoncer leur grossesse.



Nous, parents adoptants, ne sommes pas missionnaires, courageux ou possèdant un coeur plus grand que les autres. Nous sommes tout simplement des parents ayant pris la décision d'adopter. Notre passé a ouvert la porte à notre futur et ce futur nous a apporté ce petit garçon. Adopter est un choix. Un choix pensé, discuté, évalué et scruté de fond en comble. Adopter est, entre autres, une configuration normale de nos familles d'aujourd'hui.

L'enfant adopté n'est pas "chanceux" d'avoir une nouvelle famille, il "mérite" une famille. Sa chance a tourné au moment où sa famille biologique a pris la déchirante décision de le laisser partir pour une meilleure qualité de vie. L'adoption arrive, à la fois, suite à l'abandon d'une mère et l'amour de celle-ci envers son enfant en reconnaissant qu'elle ne peut subvenir à ses besoins. Cette mère qui ne peut probablement plus pleurer au moment de tourner le dos à son enfant. Celle qui l'a mis au monde, a mémorisé chaque instant et chaque trait, en une fraction de seconde. L'enfant adopté n'est pas chanceux, il possède un vécu, un bagage, une histoire, une déchirure. Il possède un lot d'émotion qu'aucun enfant ne devrait connaître à cet âge.

La magnitude d'accueillir un enfant extraordinaire, mis au monde par une autre maman est inexplicable. Cette autre maman fait partie de sa vie, et de la vie de ses parents adoptants, pour le reste de nos jours. Adopter est un choix, mais aussi une promesse. La promesse, faite à cette première maman, de rendre honneur à sa décision de permettre à son enfant de mieux grandir, ailleurs que sous son aile.

Adopter c'est de partager le bagage de notre enfant à chaque instant de sa vie. De l'accompagner dans ses tristesses, dans ses deuils trop nombreux. L'enfant n'a pas à dire merci ou à se considérer chanceux. Il n'a pas demandé d'être notre enfant. Il n'a pas souhaité être arraché de son milieu ou à être abandonné. Il n'a rien demandé, sauf de survivre. D'être aimé, de manger, d'être en sécurité. Un droit fondamental, mais pourtant si fragile.

Adopter n'est pas facile. Rien n'est concret. On remplit des formulaires, on fait des rencontres, on attend. Et on attend encore.  Attendre un bébé de façon invisible est difficile, une grossesse de coeur nous dit-on, mais autre que de se bâtir un imaginaire de cet enfant, rien ne nous prépare à l'immensité du bagage qu'il porte et de l'empathie qui prend possession de chaque pore de notre corps.

De réaliser que ce petit coco vient d'ailleurs, mais qu'il semble pourtant venir de nous depuis toujours fait de nous les chanceux. En adoptant, notre Félix a reçu des parents heureux et chanceux de l'avoir, de l'aimer.

On lui doit tout.  Nous sommes les chanceux!


Papa & maman t'aime xxx

vendredi 13 novembre 2015

Sur une plage de Hoi An




On est arrivé à Hoi An, sur la côte est du Vietnam, jeudi après-midi. Le vol Ho Chi Minh -Danang, le premier vol pour Félix, s'est très bien passé. Une mini-pratique pour le vol de 15 heures de Hong Kong - Toronto prévu pour le 19 novembre.






Maman était très inquiète de laisser l'hôtel "Somerset Ho Chi Minh" par peur de déstabiliser son bébé. Mais non, Félix a joué avec le hublot, a chantonné des tounes de bébé et a joué à se faire chatouiller par la barbe qui pique de son papa. J'avais peur de devenir l'un de ces parents dans l'avion, le parent envers qui l'on se donne trop souvent la permission de tourner les yeux quand leur bébé pleure sans fin. J'appréhendais le changement pour Félix.

Et bien, le petit bonhomme est aux oiseaux! Il explore, tout est nouveau, notre routine a été un peu affectée, ça n'a pas l'air de le déranger. Il est clairement bien, tant et aussi longtemps qu'il est près de nous.

Bébé a aussi commencé à intéragir avec les étrangers lors des 3 derniers jours. Entendre des femmes vietnamiennes lui parler le rend encore un peu craintif, mais il ne s'aggripe plus à nous comme avant. Il ose même faire des sourires ou des "bye bye" avec la main.  Il est devenu le bambin typique de 20 mois. Il touche à tout, entre dans chaque passage possible, pousse tire monte descend dès que l'occasion se présente et il jase... oh qu'il jase! Il comprend déjà plusieurs consignes en français.

On est allé voir l'océan... et le sable! Une première pour Félix. Son premier pas à terre ne l'a pas du tout impressionné. Son papa s'est retrouvé les deux fesses dans le sable pendant de longues minutes pour permettre à Félix une adaptation graduelle de ces nouvelles textures. Sachant qu'il adore l'eau, nous savions que ce n'était qu'une question de temps. Et maman dans tout ça? Derrière la caméra pour capter chaque instant!
 






 




mardi 10 novembre 2015

Un petit canadien!




Aujourd'hui, nous sommes allé chercher le passeport canadien de Félix. Il est officiellement un petit canadien. Il grandira sous un mélange de cultures, sa famille ayant des racines au Québec et au Nouveau-Brunswick, en acadie.




Initialement, nous avions réservé notre vol de retour le 19 novembre. Maintenant que tout est réglé, il suffirait de changer nos dates et de partir à la maison. Toutefois, nous avons bel et bien tombé sous le charme du Vietnam. Ça bouge, ça roule, c'est un délice pour les yeux.

On organise un départ d'Ho Chi Minh, mais pas en direction Canada. On part voir la région d'Hoi An, un peu plus au nord, sur la côte est.

Au revoir Ho Chi Minh, ville qui nous a mené à la rencontre de notre fils, notre petit soleil, celui qui a grandit dans nos coeurs pendant des mois.  La ville natale de notre fils restera toujours notre première racine dans l'histoire de Félix.



Le marché Ben Thanh - 5 novembre

On y trouve de tout, mais on y trouve aussi des gens voulant absolument que l'on achète à tout prix. L'art de marchander un prix n'est pas donné à tout le monde, mais on a quand même réussi à dénicher quelques petits souvenirs.








vendredi 6 novembre 2015

Félix en photos!


Comme chaque nouveau parent, on bombarde cet enfant-là de photos!  On a l'air de deux paparrazis, essayant de capturer toutes ses petites expressions, ses sourires, ses premières fois avec nous.  Pendant que papa fait le clown en jouant dans les rideaux de la chambre d'hôtel, j'en profite pour vous faire connaître Félix en images.





Félix va bien et l'on s'émerveille devant les petites choses déjà acquises chez lui, ce qui nous suggère que les nounous de l'orphelinat le stimulait et passait du temps avec lui.  Certains comportements comme se faire brosser les dents, mettre nos souliers dans ses petits pieds, ouvrir la télévision, monter les marches d'un escalier, ouvrir les robinets, déboutonner méticuleusement ou empiler des blocs semblent tout à fait naturel pour lui.




Toutefois, on réalise aussi qu'il fait beaucoup de nouvelles expériences depuis qu'il est avec nous. Le concept ne peut faire autrement que de nous rendre humble, nous qui prenons tout pour acquis.  Le simple fait de grimper et descendre d'un divan, si normal pour nous, est une nouvelle aventure pour lui. Lui qui ne sait pas encore qu'en mettant le pied dans le vide, il peut tomber.






Le sommeil est encore difficile à trouver.  Il combat comme un guerrier.  Il nous repousse, cambre son dos vers l'arrière, cri et pleure à grosses larmes. Pourtant, dès qu'on fait semblant de le déposer par terre, il s'aggripe à nous.  Ses messages acquis, reliés au sommeil, sont tous à l'envers.  À l'orphelinat, au moment du coucher, il était déposé dans sa couchette avec sa bouteille et il s'endormait à son rythme, tout seul.  Imaginez ce qu'il peut ressentir avec une nouvelle maman et papa, un concept encore nouveau pour lui, qui le dorlote, le berce, le bécotte et le nourrit à sa faim en chantant des chansons. Pas évident pour lui. Ça ne le serait sûrement pas pour nous non plus. Quel serait notre réaction si notre propre routine de dodo à l'enfance avait été chambardée en une seconde?




Félix est toujours plus confortable à l'extérieur. Comme s'il se sentait pris, comme s'il étouffait à l'intérieur.  On ne sait pas si Félix est souvent sortit dehors, on ne sait pas s'il profitait du soleil, s'il a ressentit la pluie ou marché dans le gazon. Il veut tout voir, tout toucher... un arbre, une fleur, la pluie qui coule sur la fenêtre, tous les boutons/portes et fenêtres qui s'ouvrent ou se ferment, le traffic, le visage des gens, les objets sur les étalages de magasins etc.





Papa & maman t'aime!